Introduction

En vidéoprojection, avoir des noirs profonds, c’est le nerf de la guerre. C’est difficile et souvent coûteux. Alors, comment faire lorsqu’on possède un vidéoprojecteur pas très bon dans ce domaine ? Je vous propose de répondre à cette question, en abordant toutes les solutions possibles.

 

Faire le noir complet dans la pièce

La première précaution à prendre est de plonger la pièce dans le noir complet car plus le niveau de lumière ambiante est fort et plus les noirs de l’image se dégradent.

Certes, ce n’est pas toujours possible, surtout lors des séances de projection en journée, mais dans ce cas, la seule solution viable pour préserver les noirs est d’utiliser une toile grise technique. Nous y reviendrons plus tard.

Mon avis

Cette précaution est certainement la plus importante de toutes tellement la moindre lumière ambiante relève la résiduelle de noir. Il suffit d’un peu de lumière rentrant par les interstices d’un volet ou d’une LED un peu trop puissante dans la pièce pour dégrader la situation.

C’est donc une condition importante mais pas suffisante pour avoir des noirs abyssaux, car encore beaucoup de facteurs peuvent dégrader les noirs.

 

 

Calibrer le projecteur

Le niveau de noir d’un vidéoprojecteur se règle à l’aide d’une mire de clipping. Cela consiste à ajuster le paramètre nommé « luminosité » de l’appareil, à l’aide d’une mire toute noire (on parle de mire à 0 IRE), afin d’obtenir le noir le plus profond possible mais sans boucher les zones sombres.

Ensuite, pour ceux qui voudrait aller plus loin, il faudrait calibrer complètement le projecteur, ce qui pourrait permettre de gagner encore un peu dans la profondeur des noirs, sans faire de miracles, bien sûr.

Mon avis

Régler le niveau de noir est impératif pour avoir un résultat satisfaisant. Mais attention à ne pas « boucher les noirs », c’est la raison pour laquelle une mire de clipping est nécessaire. Si vous ne vous sentez pas capable de faire ce genre de réglage, faites appel à un professionnel.

 

Traiter la pollution lumineuse

La pollution lumineuse provient de la réflexion de la lumière sur des surfaces claires situées à proximité de la toile de projection, comme un plafond blanc par exemple.

Pour « traiter » celle-ci, il existe deux possibilités :

  • Assombrir la pièce avec des tissus ou des peintures sombres, en particulier à proximité de la toile de projection.
  • Utiliser une toile grise technique.

Pour en savoir plus, lisez cet article.

Mon avis

Réduire la pollution lumineuse est impératif pour préserver le contraste intra-image !

 

Fermer l’iris fixe du projecteur

La résiduelle de noir, c’est-à-dire le noir le plus profond que peut produire le projecteur, est directement liée à la luminance des pics lumineux qui devrait être réglée à 48 cd/m² selon la norme SMPTE. Si vous augmentez cette valeur, vous augmentez en même temps la résiduelle de noir. Par exemple, si vous doublez la luminance des pics lumineux, vous doublez la luminance de la résiduelle de noir. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas trop s’écarter de la norme.

Pour régler la luminance des pics lumineux à la valeur souhaitée, il suffit de fermer l’iris fixe si votre vidéoprojecteur en est doté. Ensuite, au fur et à mesure que la lampe va s’user, vous pourrez ouvrir un peu cet iris.

Mon avis

Il ne faut pas trop s’écarter d’une luminance à 48 cd/m² pour les pics lumineux, sinon l’effet sur la résiduelle de noir risque d’être visible. Pour gagner une sensation de dynamique, vous pouvez aller vers 60 cd/m², voire 70 cd/m², mais au-delà, vous prenez le risque d’en sentir les effets sur la profondeur des noirs.

 

Utiliser une toile grise traditionnelle

Attention, il ne faut pas confondre les toiles grises traditionnelles et les toiles grises techniques. J’explique les différences ici.

Toile grise « traditionnelle » ScreenLine

Une toile grise traditionnelle est dite à « gain négatif » car son gain est inférieur à 1, c’est-à-dire qu’elle renvoie moins de lumière qu’une toile blanche.

Avantages
  • Bonne efficacité pour renforcer les noirs à condition que la pollution lumineuse et que la lumière ambiante ne soient pas trop importantes
  • Petite réduction de la pollution lumineuse par abaissement de la luminance de l’image
Inconvénients
  • Perte de l’éclat des blancs
  • Dérive colorimétrique qu’il n’est pas possible de complètement rattraper par calibrage
  • Une certaine fadeur de l’image
  • Difficile à concilier avec la 3D et le HDR
Mon avis

A cause de tous les inconvénients cités ci-dessus, je ne recommande pas cette option. Je préfère largement utiliser une bonne toile technique.

 

 

Utiliser un filtre ND 2 ou ND 4

Il s’agit de diviser par 2 la luminance de l’image à l’aide d’un filtre ND 2, ou par 4 grâce à un filtre ND 4. Cette option est intéressante lorsque le projecteur est très lumineux et est dépourvu d’iris fixe.

Filtre ND 2 Hoya

Lisez mon test du filtre ND 2 Hoya.

Avantages
  • Pas cher (une trentaine d’euros)
  • Neutralité du filtre : dérive colorimétrique mineure
  • Le filtre peut-être enlevé lors de séances 3D ou HDR ou lorsque la lampe a perdu de sa puissance
Inconvénients
  • Très légère perte de piqué possible
Mon avis

Lorsque ce genre de filtre est utilisé à bon escient, c’est-à-dire dans le cas d’une luminosité beaucoup trop forte par rapport à la surface de projection, cela peut s’avérer assez efficace. En revanche, si le projecteur est doté d’un iris fixe, autant s’en servir puisqu’il va effectuer le même travail de réduction de la luminance !

 

Utiliser une toile grise technique

Ce genre de toile va avoir deux effets positifs sur les noirs :

  • Renforcement des noirs grâce à la couleur grise de la toile
  • Réduction considérable de la pollution lumineuse grâce aux propriétés de contrôle de lumière
Avantages
  • La perte de l’éclat des blancs est beaucoup moins forte qu’avec une toile grise traditionnelle
  • Dérive colorimétrique mineure pour les meilleures toiles, et qui peut être rattrapée par calibrage
  • Réduction très forte de la pollution lumineuse
  • Possibilité d’utilisation avec une légère lumière ambiante
Inconvénients
  • Le prix
  • Quelques désagréments sont à craindre : effet de paillettes, angle de vision étroits, hot spot, placement difficile du projecteur, etc. ; mais ces effets indésirables peuvent être largement minimisés par un choix pertinent de la toile.
Mon avis

Il faut éviter à tous prix les toiles techniques low cost, pour lesquelles les effets indésirables peuvent être très forts. Dans ce cas, je préfère largement vous recommander une des autres options listées précédemment. Mais lorsqu’on choisit une très bonne toile technique, ça reste la solution la plus simple à mettre en oeuvre en pièce de vie et la plus efficace. En outre, cette option peut être cumulée avec l’utilisation d’un filtre ND 2.

 

Utiliser un écran « noirs abyssaux »

 

Ecran Zero Frame UBC Xtrem Screen

J’en parle ici et . Ce genre d’écran, dont le concept a été développé par la société française Xtrem Screen, consiste à associer un écran sans contour noir avec une toile grise technique et un rétroéclairage LED. Le résultat est complètement bluffant et permet d’obtenir des noirs inédits en vidéoprojection numérique, même avec un vidéoprojecteur disposant d’une résiduelle de noir assez mauvaise.

Avantages
  • Le système le plus efficace pour renforcer les noirs
  • Grâce au rétroéclairage LED, les spectateurs ne sont jamais éblouis, même lors d’une transition d’une scène sombre à une autre très claire.
  • Solution qui peut s’associer avec l’utilisation d’un filtre ND 2
Inconvénients
  • Le prix
Mon avis

C’est vraiment la solution ultime pour celui qui voudrait disposer des noirs les plus profonds possible en vidéoprojection. Et même avec un petit DLP, dont la résiduelle de noir est assez élevée, le résultat est bluffant.

 

 

 

Cet article a été rédigé par Hervé Thiollier – Consultant / installateur home cinéma – Calibreur vidéo – Revendeur Oppo et de matériel home cinéma toutes marques.

Site web : ht-consulting.pro