“Pas assez cher mon fils !”

Eh oui, l’Epson EH-TW9300W a tout d’un grand, excepté son prix. Mais avant de vous faire part de toutes les émotions procurées par ce projecteur, commençons déjà par sa présentation.

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Présentation

L’Epson EH-TW9300W est un projecteur Full HD, 3D, compatible HDR, doté d’entrées HDMI HDCP 2.2 et d’une simulation 4K. Il utilise la technologie 3LCD transmissive avec des panneaux de 0,74 pouce.

Le modèle EH-TW9300W (celui du test) est blanc, il dispose d’un module HDMI sans fil, et est proposé à un prix public indicatif de 3699 €. Son petit frère, le EH-TW9300, est noir et ne dispose pas du module HDMI sans fil, il est proposé à 3299 €.

Epson

Epson EH-TW9300

Hormis la couleur et le module HDMI sans fil, le EH-TW9300 et le EH-TW9300W sont strictement identiques. Ainsi, ils sont équipés tous les deux d’une optique et d’un lens shift (horizontale et verticale) motorisés. Ces deux projecteurs sont faciles à placer, vous pouvez consulter ci-dessous leurs caractéristiques de placement.

Rapport de projection : 1,35 à 2,84.

Pour une base de 3 m, il vous faudra donc au minimum 4,05 m de recul (3 * 1,35 = 4,05 m), et au maximum 8,52 m (3 * 2,84 = 8,52 m).

Lens shift horizontal : 47,1 % vers la gauche ou vers la droite.

Lens shift vertical : 96,3 % vers le haut ou vers le bas.

Le flux lumineux maximum est donné pour 2500 lumen, mais si vous comptez avoir des couleurs justes et à la norme de luminance (48 cd/m²), il ne faudra pas espérer illuminer beaucoup plus que 4 m de base.

Trois niveaux d’éclairage sont disponibles : éco, moyen et haut.

Le projecteur est garanti 24 mois (retour atelier) et la lampe 36 mois ou 3000 h. Une lampe de rechange complète coûte aux alentours de 130 €.

Matériel utilisé

  • Un Epson EH-TW9300W
  • Un écran motorisé Xtrem Screen de 2 m de base avec la toile Absolute Reference White 1.0.
  • Un écran Xtrem Screen Zero Frame Ultra Black Contour de 2 m de base avec la toile Daylight Reference 1.1.
  • Un écran motorisé Xtrem Screen de 2,50 m de base avec la toile Daylight 0.9.
  • Un lecteur de Blu-Ray Ultra HD Samsung UBD-K8500.
  • Un colorimètre X-Rite i1 Display Pro profilé sur un spectrophotomètre X-Rite i1 Pro.

Bruit de fonctionnement

A 50 cm devant le projecteur, j’ai mesuré au sonomètre 34 dB en mode éco, 38 dB en mode moyen et 44 dB en mode haut, avec un bruit résiduel de la pièce à 32 dB.

Il est à noter que parfois le projecteur fait exactement le même bruit en passant du mode éco au mode moyen, cela doit dépendre de la température à l’intérieur du boîtier. Mais, au-delà de ces considérations et de ces chiffres, j’ai trouvé ce projecteur relativement silencieux dans les modes éco et moyen, et assez bruyant en mode haut.

Piqué – netteté

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L’Epson EH-TW9300 possède une optique Fujinon tout en verre. La qualité de celle-ci se ressent très nettement donnant ainsi la sensation d’une image ciselée et très bien définie, même avec une source Full HD.

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En outre, ce projecteur est doté de beaucoup d’outils d’amélioration de la netteté, encore plus que le vaisseau amiral de la marque, le EH-LS10000. Les personnes qui aiment jouer de la télécommande pour ajuster la finesse de l’image à leur goût vont s’en donner à cœur joie ! Du coup, l’utilisation d’un scaler externe devient inutile, l’Epson EH-TW9300 possèdant un traitement vidéo interne propice à satisfaire le plus grand nombre.

Selon moi, pour une source Full HD, le dispositif d’amélioration 4K est relativement inutile car il a tendance à très légèrement flouter l’image, mais il a l’avantage de faire quasiment disparaître la grille, ce qui n’est pas pour déplaire aux personnes aimant les images « douces » comme au cinéma.

En entrant en Ultra HD dans le projecteur, le dispositif d’amélioration 4K est systématiquement activé. Dans ce cas, comme avec des Blu-Ray UHD, par exemple, l’image devient très détaillée, l’illusion de posséder un projecteur avec de vraies matrices 4K est vraiment là !

J’ai eu l’occasion de comparer cet Epson EH-TW9300 avec le Sony VPL-VW520ES (projecteur 4K natif), il talonne de très près le piqué de son concurrent trois fois plus cher. Et, de manière assez inexplicable, il se permet parfois le luxe d’offrir une sensation de piqué encore supérieur.

Fluidité

En désactivant l’interpolation d’image, la fluidité est très correcte, semblable à celle de l’Epson EH-LS10000. En revanche, l’interpolation d’image n’est pas à la hauteur de ce que fait d’habitude la marque. En effet, Epson maîtrise très bien ce dispositif d’aide à la fluidité, et ne doutons pas qu’une future mise à jour logicielle viendra rectifier le tir. En attendant, je vous conseille de ne pas dépasser le niveau bas, si vous ne pouvez pas vous passer de ce dispositif.

Il est à noter que l’interpolation d’image est désactivée lorsque la simulation 4K est enclenchée.

Profondeur des noirs – Contraste

Pour rappel, un contraste séquentiel (on/off) peut être jugé comme bon à partir de 3000 :1, tandis qu’un bon contraste ANSI est atteint à partir de 300 :1.

En général, un fort contraste séquentiel assure une bonne profondeur des noirs, ce qui est très appréciable lors des scènes sombres des films. Quant au contraste ANSI, une forte valeur est le gage d’une bonne dynamique d’image, c’est-à-dire la coexistence dans la même image de noirs profonds et de blancs éclatants.

Eh bien l’Epson EH-TW9300 fait très fort car il possède à la fois un bon contraste séquentiel et un fort contraste ANSI. Cela est rare, en-dessous de 10 000 €, seuls les Sony VPL-VW520ES (et surement aussi son successeur, le VPL-VW550ES) et VPL-HW65ES s’offrent ce luxe.

Pour les mesures de contraste, j’ai adopté les méthodes de Anna&Flo de Projectiondream.com que je remercie pour leur aide.

Voici ce que j’ai obtenu en mesurant à la lentille du projecteur (il s’agit donc de contrastes idéaux) :

  • En mode « naturel », zoom maximum et iris ouvert à fond, pour les trois modes d’éclairage (éco, moyen et haut), j’ai mesuré un contraste séquentiel tournant aux alentours de 5300 :1 et un contraste ANSI avoisinant 400 :1.
  • En mode « dynamique », dans les mêmes conditions, cette fois-ci le contraste séquentiel a dépassé 6000 :1, le contraste ANSI restant voisin de 400 :1.
  • Après calibrage (pour ma toile blanche de 2 m de base), zoom maximum, iris fermé à fond, en lampe éco, j’ai mesuré un peu plus de 4000 :1 pour le contraste séquentiel avec un contraste ANSI chutant à 343 :1.

Autre point fort de ce projecteur, la lisibilité des scènes sombres est vraiment excellente.

L’Epson EH-TW9300 possède un iris dynamique réglable sur deux niveaux : « normal » et « haute vitesse ». Celui-ci n’est pas inaudible, il produit ainsi un léger bruit mais qui demeure nettement plus discret par rapport à l’Epson EH-TW9200. Bravo à Epson d’avoir su améliorer ce point. Cet iris est aussi perceptible par l’effet de pompage qu’il génère, mais c’est très léger, j’ai connu bien pire dans ce domaine. Selon moi, cet iris est utilisable et son apport peut être intéressant sur toile blanche.

Le HDR

Pour terminer ce paragraphe sur le contraste, parlons un peu du HDR (High Dynamic Range, ou image à grande plage dynamique en français). Ce procédé est prévu pour produire des pics lumineux puissants et pour apporter plus de lisibilité à l’image, notamment en « débouchant » les zones sombres. Le HDR sera surement une réussite technique et commerciale en ce qui concerne la télévision, mais je suis plus réservé quant à sa pertinence en vidéoprojection où sa mise en œuvre est plus délicate.

Après quelques réglages, j’ai réussi avec l’Epson EH-TW9300 à obtenir un rendu HDR très proche de celui d’une image SDR calibrée, mais j’ai quand même préféré cette dernière pour laquelle les zones sombres étaient un peu plus lisibles.

Ce n’est pas spécifique à l’Epson EH-TW9300, qui s’en tire plutôt bien dans ce domaine, mais le HDR a tendance à considérablement assombrir l’image en vidéoprojection ce qui « bouche » les noirs. Peut-être que la solution viendra en partie par l’utilisation de toiles à « gain positif » ? Mais il est encore trop tôt pour se prononcer.

Si c’est possible, je vous conseille de désactiver le HDR dans votre source Ultra HD car l’Epson EH-TW9300 produit déjà une image SDR Rec709 de grande qualité. Si ce n’est pas possible, je vous conseille les réglages suivants : mode « naturel », lampe « haut », iris ouvert à fond, gamme de couleurs RVB étendue (dans la source et dans le projecteur) et plage dynamique « HDR1 ».

Face à face HDR vs SDR (images capturées dans les Blu-Ray Full HD et Ultra HD de « L’odyssée de Pi ») :

HDR

HDR

SDR

SDR

HDR

HDR

SDR

SDR

HDR

HDR

SDR

SDR

HDR

HDR

SDR

SDR

Colorimétrie

Comme d’habitude avec Epson, c’est le mode « naturel » qui se rapproche le plus de la norme Rec709.

Pré-calibration – mode « naturel »

Ci-dessous, voici ce que j’ai obtenu sur ma toile blanche Xtrem Screen Absolute Refrence White 1.0 de 2 m de base (mode éco et iris fermé à fond).

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grayscale

Le gamma était à une moyenne de 1.98 au lieu de 2.2 selon la norme.

La moyenne des températures de couleur était à environ 7000 K au lieu de 6500 K selon la norme.

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Ces résultats peuvent paraître mauvais en regard de ces diagrammes, mais il n’y avait rien de choquant sur le plan visuel. Et, si je n’avais pas eu d’outils pour calibrer, j’aurais juste augmenter le gamma en choisissant le réglage usine « -1 » au lieu de « 0 » par défaut.

Post-calibration

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Le gamma était à une moyenne de 2.16.

La moyenne des températures de couleur était à environ 6463 K.

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Le résultat était très bon sur le plan visuel.

Sur une base de 2 m, en mode « éco » avec l’iris fixe fermé à fond, j’obtenais une luminance après calibration de 85 cd/m². Cela peut paraître comme trop élevé sachant que la norme préconise 48 cd/m², mais je n’ai pas trouvé cela inconfortable. Je précise que j’ai l’habitude de dépasser largement la norme, une luminance entre 60 et 90 cd/m² me plaisant davantage que 48 cd/m² que je trouve trop fade à mon goût. Toutefois, l’Epson EH-TW9300 étant très lumineux, je le déconseille pour des bases inférieures à 2 m, à moins d’utiliser une toile à « gain négatif », comme la Daylight 0.9, par exemple.

Impressions subjectives

Tout ne s’explique pas par des chiffres, les émotions ressenties sont tout aussi importantes, et à ce petit jeu-là, l’Epson EH-TW9300 est très séduisant. Quelle image ! Tout ce que j’aime, une profondeur des noirs très correcte avec une bonne lisibilité, un contraste intra-image excellent des scènes les plus sombres aux scènes les plus lumineuses, et une image très ciselée. Qu’est-ce que c’est beau ! La sensation d’une image jamais vue dans mon salon, le sentiment d’une « fenêtre ouverte sur le monde ».

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Et que dire de l’image obtenue sur mes toiles Xtrem Screen Daylight ? Une apothéose !

Ainsi, le mariage avec la toile Daylight 0.9 est particulièrement réussi. Cette dernière vient complètement combler le seul petit point faible de l’Epson EH-TW9300, en lui procurant des noirs abyssaux, dignes d’un JVC ! Et le projecteur fait le reste, avec sa forte luminosité et son excellente dynamique.

Le résultat est tout aussi magique avec l’écran Zero Frame Ultra Black Contour avec la toile Daylight Reference 1.1.

Ci-dessous, voici quelques photos du film « L’odyssée de Pi » prises sur un écran Zero Frame Ultra Black Contour avec la toile Daylight Reference 1.1.

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Il est à noter que l’Epson EH-TW9300 se marie particulièrement bien avec les toiles Daylight de Xtrem Screen. Outre l’excellente dynamique procurée par cette association, l’effet de paillettes est extrêmement réduit !

Conclusion

Cet Epson EH-TW9300W m’a procuré bien du plaisir. Il faut dire que ce projecteur est particulièrement bien né et donne le sentiment de n’être pas assez cher en regard de son équipement et de la qualité d’image qu’il délivre.

Ce n’est pas le meilleur projecteur du marché mais c’est assurément le meilleur rapport qualité/prix du moment. Si vous n’avez pas 10 000 € ou plus à dépenser, et si vous voulez vous faire plaisir pour un peu plus de 3000 €, alors l’Epson EH-TW9300 est fait pour vous.

Je tiens à remercier chaleureusement Julien Da Silva, ingénieur commercial Espon France, pour le prêt de l’Epson EH-TW9300W.

Les plus

  • Le niveau d’équipement (objectif et lens shift motorisés, iris fixe et dynamique, traitement vidéo interne, etc.).
  • La qualité d’optique.
  • Un piqué digne d’un projecteur 4K natif.
  • La forte luminosité le rendant aussi à l’aise sur les petites que sur les grandes bases.
  • Son rapport qualité/prix.
  • Le traitement vidéo.
  • Le support et la simulation 4K.
  • La discrétion de fonctionnement dans les modes « éco » et « moyen ».
  • La lisibilité des zones sombres.
  • De bons contrastes séquentiel et ANSI.

Les moins

  • Le bruit de fonctionnement en mode « haut ».
  • Un iris dynamique perceptible (bruit de fonctionnement et effet de pompage).

Cet article a été rédigé par Hervé Thiollier – Consultant / installateur home cinéma – Calibreur vidéo – Revendeur Oppo

Site web : ht-consulting.pro