Introduction

Le choix d’un vidéoprojecteur est beaucoup plus complexe que celui d’une télé. Un tas de paramètres doivent être étudiés afin d’éviter certaines déconvenues.

Dans cet article, nous allons passer en revue l’ensemble des critères qui permettent de ne pas se tromper.

La focale

En fonction de sa focale, un vidéoprojecteur pourra être placé plus ou moins près de la surface de projection. On dénombre quatre types de focale : ultra courte (UST pour Ultra Short Throw en anglais), courte, standard et longue. Une focale peut être fixe ou variable. Si elle est fixe alors la taille de l’image ne dépendra que du recul. Si elle est variable alors la taille de l’image pourra être réglée avec le zoom.

Pour déterminer le type de focale qui vous convient, il faut s’intéresser au rapport de projection.

Le rapport de projection

Rapport de projection = recul du projecteur par rapport à la toile / largeur de l’écran

Exemple : recul = 3 m ; largeur = 2 m ; rapport de projection = 3/2 = 1,5

Les vidéoprojecteurs ultra courte focale

Ils sont prévus pour être placés à seulement quelques centimètres de la surface de projection. Leur rapport de projection est inférieur à 0,5.

Philips HDP2510, un projecteur ultra courte focale abordable.

Les vidéoprojecteurs à focale courte

Ils sont prévus pour être placés à un ou deux mètres de la surface de projection. Leur rapport de projection est compris entre 0,5 et 1,2.

Les vidéoprojecteurs à focale standard

Ils sont prévus pour être placés en général entre 3 et 6 mètres de la surface de projection. Leur rapport de projection est compris en général entre 1,2 et 2.

Les vidéoprojecteurs à focale longue

Ils sont prévus pour être placés en fond de salle, au-delà de 5 ou 6 mètres de la surface de projection. Leur rapport de projection est supérieur à 2.

Le lens-shift

Il s’agit d’un dispositif optique permettant de déplacer verticalement et/ou horizontalement l’image sans la déformer. Cet équipement, intégré dans le vidéoprojecteur, est utile lorsque ce dernier ne peut pas être parfaitement centré par rapport à l’écran, et permet donc une plus grande facilité de placement.

Un lens-shift peut être manuel, sous forme de deux mollettes, une pour le déplacement vertical de l’image, et l’autre pour le déplacement horizontal, mais il peut être aussi motorisé, les déplacements de l’image s’effectuant alors à partir de la télécommande.

Tous les vidéoprojecteurs ne bénéficient pas de cet équipement, en général il est réservé aux appareils haut de gamme.

Projecteur Sony avec lens-shift manuel

La résolution

Actuellement, les projecteurs home cinéma présentent une résolution soit Full HD (1920 x 1080 pixels), soit 4K (4096 x 2160 pixels).

A moins de 10 000 €, seul Sony propose des projecteurs à matrices 4K natives. Les projecteurs dits à « simulation 4K » ou à « wobulation 4K », sont en fait des projecteurs Full HD qui utilisent un procédé qui permet de faire disparaître l’effet de grille, mais ce n’est pas de la véritable 4K. Par ailleurs, les DLP dits « 4K » ne le sont pas véritablement. Au lieu de quadrupler le nombre de pixels, ce dernier est seulement doublé, et l’illusion de la 4K est obtenue par simulation. Mais, grâce au piqué naturel des DLP, le résultat n’est pas loin de celui des projecteurs 4K Sony.

Sony VPL-VW550ES – Matrices 4K natives

Benq W11000 – Puce DLP « 4K »

La luminosité

Manquer de luminosité, c’est un problème, mais en avoir trop, c’en est un aussi.

La norme SMPTE préconise une luminance de 48 cd/m², avec une tolérance de plus ou moins 10 cd/m². Pour ma part, comme beaucoup de gens, j’aime les images lumineuses, et donc je règle la luminance entre 60 et 80 cd/m², ce qui permet d’avoir une image à la fois confortable et lumineuse, mais sans trop augmenter la résiduelle de noir. En effet, en même temps qu’on augmente la luminance des pics lumineux, on augmente aussi celle des noirs. Par exemple, en faisant passer les pics lumineux de 48 à 60 cd/m² (une augmentation de 25 % de la luminance), cela s’accompagne de la même augmentation de luminance pour les noirs. Dans ce dernier cas, cela n’est pas vraiment visible, mais il n’en serait pas de même pour une augmentation de 100 % !

Actuellement, l’augmentation de la luminosité des projecteurs, dont je parle ici, est un vrai problème. En effet, le plus dur en vidéoprojection est d’obtenir des noirs profonds, et cela est d’autant plus dur à atteindre avec une forte luminosité ! C’est la raison pour laquelle la présence d’un iris fixe peut s’avérer très intéressant.

Epson EH-TW6700, un projecteur peut-être trop lumineux pour le home cinéma ?

Comment savoir si la luminosité d’un projecteur est adaptée à sa situation personnelle ?

C’est simple, il suffit d’appliquer cette formule :

luminance = flux lumineux / (3,14 x surface de projection)

La luminance est en cd/m², le flux lumineux en lumens et la surface en m².

Par exemple, appliquons cette formule pour un écran de 3 m de base, soit environ 5 m², et pour un flux lumineux de 800 lumens :

luminance = 800 / (3,14 x 5) = 51 cd/m²

Nous voyons donc que 800 lumens suffisent pour 3 m de base. Mais attention, il faut aussi tenir compte de l’usure de la lampe, et il vaut mieux prévoir une bonne marge.

Le bruit de fonctionnement

La notion de bruit de fonctionnement est toute relative. Ainsi, ce qui peut paraître silencieux pour certains paraîtra bruyant pour d’autres. Toutefois, en ce qui me concerne, je mesure le niveau sonore à 50 cm devant le projecteur, et lorsque celui-ci est inférieur ou égal à 35 dB, je considère que la machine en question fait partie des plus silencieuses du marché.

Attention, le niveau sonore (en décibels) n’est pas une grandeur linéaire, et lorsque celui-ci augmente de 3 dB, cela signifie que l’intensité sonore (en W/m²) a doublé. Par exemple, lorsque le niveau sonore passe de 35 dB à 38 dB, soit 3 dB de plus, l’intensité sonore double !

Sony VPL-HW45ES – Projecteurs Sony, les champions du silence !

L’équipement

Un projecteur peut être plus ou moins bien équipé. Cela englobe, la présence d’un lens-shift et son débattement, la motorisation de l’optique (zoom et focus), la présence de mémoires de zoom, la présence d’un cache objectif motorisé, l’interpolation d’image (aide à la fluidité), la présence d’un iris fixe et dynamique, etc. On peut aussi regarder éventuellement la compatibilité 3D ou HDR.

Attention, en fonction de vos goûts et de vos attentes, la présence de certains équipements peut faire toute la différence !

La colorimétrie

Avoir des couleurs justes en sortie de carton n’est peut-être pas le critère le plus important, mais lorsqu’on n’a pas l’intention de faire calibrer son projecteur, il vaudrait mieux éviter ceux qui ont mauvaise réputation dans ce domaine.

Toutefois, des couleurs justes en sortie de carton n’est pas une garantie absolue. En effet, beaucoup de paramètres, comme la source, la chaîne vidéo, la toile de projection ou l’environnement peuvent influer sur la colorimétrie. Certes, un calibrage est coûteux, mais lorsqu’on investit beaucoup d’argent dans un vidéoprojecteur (2000 € et plus), c’est assez aberrant de ne jamais le faire calibrer.

Ces mises en garde étant faites, les projecteurs Benq, Sony et certains Epson, ont la réputation d’avoir des couleurs relativement justes en sortie de carton.

Consultez mes tests.

Le type de technologie

Les vidéoprojecteurs mono-DLP

DLP est l’abréviation de Digital Light Processing, ce qui pourrait se traduire par traitement numérique de la lumière. C’est une technologie développée par l’entreprise américaine Texas Instruments.

Un vidéoprojecteur DLP comporte une puce DMD (Digital Micromirror Device) qui est une matrice constituée de micro-miroirs pivotant. Chaque micro-miroir constitue un pixel de l’image.

Les AEC ou l’effet d’arc-en-ciel est le principal inconvénient des mono-DLP. Il s’agit de flashs de couleurs qui peuvent gêner certaines personnes.

Points forts
  • Le piqué
  • L’éclat des blancs
  • Le contraste intra-image (contraste ANSI)
  • Une image flatteuse sur les scènes de jour
Points faibles
  • L’effet d’AEC
  • Lens-shift de faible amplitude ou absence de lens-shift
  • Une résiduelle de noir souvent plus élevée que pour les projecteurs LCD
  • Des scènes sombres avec des noirs plutôt gris
  • Plus sensible au bruit vidéo que les projecteurs LCD
  • La roue chromatique qui génère les couleurs peut parfois casser avec le temps

Benq W2000, un champion du contraste ANSI !

Les vidéoprojecteurs Tri-LCD transmissifs

LCD (Liquid Crystal Display) signifie écran à cristaux liquides. Les vidéoprojecteurs Tri-LCD transmissifs sont équipés de trois panneaux LCD à travers desquels la lumière passe une seule fois. Cette technologie n’est employée plus que par Epson.

Points forts
  • Pas d’AEC.
  • En général, présence d’un lens shift de grande amplitude.
  • Un prix en général inférieur à celui des projecteurs Tri-LCD réflectifs.
  • Une image qui peut paraître pour certaines personnes comme plus confortable, plus douce, que pour les mono-DLP.
  • Une sensibilité moins grande aux bruit vidéo par rapport aux mono-DLP.
  • Une résiduelle de noir en général plus basse que pour les mono-DLP, donc des noirs plus profonds pour les scènes sombres.
Points faibles
  • Un contraste intra-image en général plus faible que pour les mono-DLP.
  • Une tendance à « adoucir » l’image c’est-à-dire moins piquée qu’avec les mono-DLP.
  • Un vieillissement des panneaux LCD, dû à la chaleur et aux UV, peut parfois être constaté.
  • L’alignement des panneaux LCD n’est jamais parfait, ce qui fait diminuer le piqué.
  • Un espace inter-pixels plus grand que pour les projecteurs Tri-LCD réflectifs, ce qui fait en général diminuer le piqué.

Epson EH-TW9300W, un Tri-LCD transmissif avec un très bon rapport qualité/prix.

Les vidéoprojecteurs Tri-LCD réflectifs

Pour ces projecteurs LCD, la lumière passe deux fois à travers les panneaux. Une première fois à l’aller, puis une deuxième fois après réflexion sur le support des panneaux. Cette technologie est employée par Sony (SXRD), JVC (D-ILA) et Epson (R-HTPS).

Points forts
  • Pas d’AEC.
  • En général, présence d’un lens shift de grande amplitude.
  • Une image qui peut paraître pour certaines personnes comme plus confortable, plus douce, que pour les mono-DLP.
  • Une sensibilité moins grande aux bruit vidéo par rapport aux mono-DLP.
  • Une résiduelle de noir plus basse que pour les mono-DLP, donc des noirs plus profonds pour les scènes sombres.
  • Un piqué en général un peu plus fort que pour les projecteurs Tri-LCD transmissifs grâce à un espace inter-pixels moindre.
Points faibles
  • Un contraste intra-image en général plus faible que pour les mono-DLP.
  • Une tendance à « adoucir » l’image c’est-à-dire moins piquée qu’avec les mono-DLP.
  • Un vieillissement des panneaux LCD, dû à la chaleur et aux UV, peut parfois être constaté.
  • L’alignement des panneaux LCD n’est jamais parfait, ce qui fait diminuer le piqué.

Sony VPL-VW65ES, un Tri-LCD réflectif avec un très bon rapport qualité/prix.

Le(s) contraste(s)

Tout comme le titre le suggère, il n’y a pas un contraste mais des contrastes. Le contraste séquentiel, on dit aussi on/off, va permettre d’évaluer la capacité du projecteur à délivrer des noirs profonds dans les scènes sombres, alors que le contraste ANSI va faire la même chose mais pour les scènes claires.

Pour ma part, j’estime q’un contraste séquentiel est bon à partir de 3000:1. Quant au contraste ANSI, j’estime qu’il devient correct à partir de 300:1. Lorsqu’un projecteur arrive à réunir ces deux critères, on dit qu’il est équilibré en contraste.

J’avais déjà écrit un article à ce sujet, que je vous propose de consulter si vous voulez en savoir plus. Mais, pour résumer, on peut dire qu’en général les JVC sont les projecteurs qui possèdent les contrastes séquentiels les plus forts et les DLP sont souvent les projecteurs qui possèdent les meilleurs contrastes ANSI. Quant aux projecteurs Sony ou Epson, souvent ils sont assez équilibrés en contraste, ce qui fait qu’ils plaisent au plus grand nombre.

JVC DLA-X7500, un excellent contraste séquentiel.

Benq W2000, un champion du contraste ANSI.

L’environnement de projection

Cela peut vous paraître curieux, mais pour obtenir une belle image, bien contrastée et avec des noirs profonds, l’environnement de projection est encore plus important que les qualités du projecteur. Ainsi, il ne sert à rien de mettre 10 000 € dans un projecteur, voire plus, si c’est pour l’utiliser dans un salon tout blanc avec une pollution lumineuse très forte.

Dans l’idéal, avant de jeter son dévolu sur le projecteur de ses rêves, il faudrait d’abord se poser la question de l’amélioration des conditions de projection. C’est primordial !

J’explique comment faire ici.

Ecran fixe Zero Frame Ultra Black Contour de Xtrem Screen, une solution pour pièce de vie.

Conclusion

L’univers de la vidéoprojection est complexe, et à moins d’être un expert averti, il vaut mieux demander de l’aide plutôt que de faire de mauvais choix qui peuvent s’avérer très décevants. Toutefois, lorsqu’on fait les bons choix, le résultat est souvent extraordinaire, et une fois qu’on a goûté à une vidéoprojection de qualité, il est rare qu’on revienne en arrière tellement le plaisir est grand !

Cet article a été rédigé par Hervé Thiollier – Consultant / installateur home cinéma – Calibreur vidéo – Revendeur Oppo et de matériel home cinéma toutes marques.

Site web : ht-consulting.pro

Abonnez-vous à la lettre d’information. 

Recevez le meilleur de l’information home cinéma directement dans votre boîte mail toutes les deux semaines. Vous y trouverez les articles les plus récents (tests, guides, découvertes, etc.), les nouveautés de Home Cinéma Tendances ainsi que les tournées de calibrage prévues par Hervé Thiollier Consulting.