Introduction
Pour répondre à cette question, faut-il encore savoir de quels noirs il s’agit. Ainsi, certains projecteurs délivrent de bons noirs pour les scènes sombres, mais sont plus en difficulté pour les préserver sur les scènes claires, alors que d’autres font totalement l’inverse.
Pour évaluer les noirs des scènes sombres, il va falloir s’intéresser au contraste séquentiel (on/off). Quant-aux noirs des scènes plus claires, c’est le contraste ANSI qui va nous renseigner.
Le contraste séquentiel et les noirs des scènes sombres
En ce qui concerne le contraste séquentiel, la norme (d’après le document SMPTE 431-2) indique 2000:1 minimum comme référence et 1200:1 minimum pour une salle de cinéma commerciale. Pour ma part, j’ai constaté qu’à partir de 3000:1, les noirs des scènes sombres commencent à être bons.
Le contraste séquentiel constitue une première approche pour évaluer les noirs, mais pour aller plus loin, il faudrait connaître la résiduelle de noir du projecteur. Cette dernière est le noir le plus profond que la machine est capable de produire. Elle peut se mesurer en projetant une mire totalement noire dite « à 0 IRE ». La résiduelle de noir est donc la luminance à 0 IRE. Mais, elle peut aussi se calculer à l’aide de la formule suivante :
Résiduelle de noir = Luminance du blanc à 100 IRE / contraste séquentiel
Par exemple, pour un projecteur disposant d’un contraste séquentiel de 3000:1 et dont la luminance maximale a été calibrée à 48 cd/m², la résiduelle de noir, notée Y0, est :
Y0 = 48 / 3000 = 0,016 cd/m²
Les projecteurs les plus réputés pour délivrer les meilleurs noirs sont évidemment les JVC. Prenons par exemple le JVC DLA-X5000, testé ici par Anna&Flo sur Projectiondream.com. Voici ci-dessous leurs mesures rassemblées dans un tableau.
Nous voyons que le contraste séquentiel est compris entre 12000:1 et 20000:1 en fonction des positions de l’iris et du zoom. Ce sont des valeurs remarquables qui confirment la réputation de cette marque dans ce domaine.
Dans ce tableau, nous pouvons voir quelques détails intéressants, comme par exemple le fait que le contraste séquentiel ne change pas lorsqu’on passe la lampe du mode éco au mode haut. En revanche, cela a des conséquences sur la résiduelle de noir. Regardons cela de plus près.
Pour un flux lumineux de 990 lumens (1ère ligne du tableau), c’est-à-dire une luminance de 90 cd/m² (dans les conditions de mesure effectuées par Anna&Flo), la résiduelle de noir est :
Y0 = 90 / 12000 = 0,0075 cd/m²
Pour un flux lumineux de 1400 lumens (2ème ligne du tableau), c’est-à-dire une luminance de 127 cd/m² (dans les conditions de mesure effectuées par Anna&Flo), la résiduelle de noir est :
Y0 = 127 / 12000 = 0,0106 cd/m²
Donc, en passant de 90 à 127 cd/m², la luminance a été multipliée par 1.41, mais la résiduelle de noir aussi !
Attention : Plus la luminance maximale est réglée haute et plus la résiduelle de noir augmente, ce qui éclaircit les noirs !
A titre de comparaison, voici les mesures effectuées par Anna&Flo concernant le test du Sony VPL-VW520ES sur Projectiondream.com.
Nous voyons que le Sony VPL-VW520ES est capable de performances comparables à celles du JVC-DLA X5000, en termes de contraste séquentiel, avec des valeurs allant de 15000:1 à 25000:1.
Que font les projecteurs DLP dans ce domaine ?
Le contraste séquentiel et la résiduelle de noir sont les points faibles des projecteurs DLP. En général, leur contraste séquentiel ne dépasse pas 2000:1, excepté quelques tri-DLP Sim2 ou Runco. Pour ma part, j’ai mesuré 4000:1 pour un mono-DLP Sim2 Domino80E, mais cela est exceptionnel.
Remarques
- La profondeur des noirs dans les scènes sombres est un critère important, mais cela suppose que les noirs ne soient pas bouchés. La lisibilité des scènes sombres est donc tout aussi important. Un projecteur sera donc jugé comme bon dans les scènes peu éclairées, s’il est capable de délivrer des noirs profonds tout en procurant une bonne lisibilité des détails.
- La résiduelle de noir est fortement impactée par la lumière ambiante dans la pièce, et la moindre présence d’une simple LED n’est pas sans conséquence. Pour disposer de bons noirs dans les scènes peu éclairées, il est donc impératif de disposer du noir complet dans la pièce.
- La résiduelle de noir peut être abaissée par l’utilisation d’une toile de projection grise, qu’elle soit classique ou technique.
Le contraste ANSI et les noirs des scènes claires
En ce qui concerne le contraste ANSI, la norme (d’après le document SMPTE 431-2) indique 150:1 minimum comme référence et 100:1 minimum pour une salle de cinéma commerciale. Pour ma part, j’ai constaté qu’à partir de 300:1, les noirs commencent à être bons concernant les scènes claires.
En général, ce sont les projecteurs DLP qui règnent en maître concernant le bon contraste intra-image et donc qui disposent des meilleurs noirs dans les scènes claires. Par exemple, le Benq W2000 ou le Vivitek H1188HD arrivent à dépasser 500:1 en contraste ANSI.
En ce qui concerne les projecteurs tri-matrices, quelques-uns se défendent bien dans ce domaine. Par exemple, chez Sony, le VPL-HW65ES ou le VPL-VW520ES dépassent 300:1. Chez Epson, le EH-TW9300 est aussi dans ce cas, avec un contraste ANSI voisin de 400:1.
En revanche, les JVC sont un peu plus à la peine. Par exemple, le DLA-X5000, ou son prédécesseur, le DLA-X500, disposent tous les deux d’un contraste ANSI bien inférieur à 300:1.
Remarque
Le contraste intra-image et les noirs des scènes claires sont très fortement impactés par l’environnement de projection. Ainsi, la lumière ambiante ou la pollution lumineuse (réflexions lumineuses sur un plafond blanc et des murs clairs) vont éclaircir les noirs dans l’image. Pour remédier à ces problèmes, il faut faire appel à une salle dédiée très sombre ou utiliser une toile de projection grise technique.
Les projecteurs les plus équilibrés en contraste
Comme nous l’avons vu, certains projecteurs sont très bons pour délivrer des noirs profonds dans les scènes sombres, comme les JVC par exemple, alors que d’autres, comme les DLP, sont meilleurs dans ce domaine pour les scènes claires. Mais, ce que j’appelle l’équilibre en contraste, c’est la faculté pour un projecteur à délivrer de bons noirs quelle que soit la luminosité de la scène. Cette qualité est rare, et lorsqu’un projecteur la possède, en général il délivre des images magnifiques qui plaisent au plus grand nombre.
Dans ce domaine, les projecteurs Sony s’en sortent en général très bien. Parfois, c’est aussi le cas de Epson, qui avec son EH-TW9300, par exemple, propose un projecteur très équilibré, avec de bons noirs quelle que soit la scène projetée.
Conclusion
Beaucoup de critères rentrent en ligne de compte pour juger la qualité d’image d’un projecteur : le piqué, la fluidité, la profondeur de noirs, la colorimétrie, etc. Mais, pour juger spécifiquement la profondeur des noirs, il ne faut pas se limiter seulement aux scènes peu éclairées. Ainsi, un projecteur capable de délivrer de bons noirs quel que soit le niveau d’éclairage de la scène, sera plus apte à plaire au plus grand nombre !
Chers lecteurs, si vous avez des questions ou des remarques, je vous propose d’en discuter sur Cin&Son.
Cet article a été rédigé par Hervé Thiollier – Consultant / installateur home cinéma – Calibreur vidéo – Revendeur Oppo
Site web : ht-consulting.pro
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