Voici ci-dessus un diagramme CIE, où la figure colorée représente l’ensemble des couleurs que l’oeil humain est capable de percevoir. Vous pouvez également voir sur cette figure les trois espaces de couleur utilisés en vidéo : le Rec.709, que nous connaissons bien pour nos téléviseurs et nos vidéoprojecteurs, le DCI-P3 utilisé principalement au cinéma, et le Rec.2020, qui représente l’objectif que se sont fixés les acteurs de l’audiovisuel.

Sur le papier c’est plutôt une bonne idée de vouloir se rapprocher de ce que l’oeil humain est capable de percevoir, mais qu’en est-il vraiment en pratique ? Pour répondre à cette question, chers lecteurs, je vais vous en poser une autre. Trouvez-vous les couleurs plus belles au cinéma par rapport à celles de votre écran plat ? Je suis à peu près sûr que la majorité d’entre-vous va répondre non à cette question. Pourtant au cinéma c’est le DCI-P3 qui est censé être couvert, un espace plus large que le Rec.709 de votre écran plat ! Pour être parfaitement honnête, il faut préciser que les projecteurs au cinéma sont en général calibrés, alors que c’est plutôt rare pour les télévisions, pour lesquelles les couleurs sont en général très saturées, la comparaison n’est donc pas des plus pertinentes, mais malgré tout on sent bien avec cet exemple que ce qui plait le plus au grand public c’est davantage la saturation des couleurs que l’élargissement de l’espace de couleur.

Venons-en maintenant au home cinéma. En ce qui concerne les télévisions, je me dis que si l’élargissement de l’espace de couleur n’amène rien de flagrant, en tout cas ça ne peut pas faire de mal, alors pourquoi pas. En revanche, je suis très réservé en ce qui concerne les vidéoprojecteurs. En effet, pour étendre l’espace de couleur, cela nécessite l’emploi d’un filtre coloré qui vient se placer dans le chemin de lumière, et qui peut faire perdre de 20 à 50 % de luminosité ! Et c’est bien là que le bas blesse car le HDR nécessite beaucoup de puissance lumineuse. Pour bien faire, il faudrait au moins doubler celle-ci afin de disposer de pics lumineux deux fois plus puissants par rapport au SDR. Mais plus de lumens, c’est aussi plus de chaleur à évacuer, des projecteurs plus chers et des lampes également plus onéreuses. Donc, la puissance lumineuse étant limitée par certaines contraintes, nous voyons donc que nous sommes confrontés à un dilemme entre privilégier soit la puissance des pics lumineux, soit l’élargissement de l’espace de couleur. Pour ma part, mon choix est fait, je préfère largement donner la priorité aux pics lumineux du HDR, qui en font tout son charme, plutôt que de bénéficier d’un espace de couleur élargi qui selon moi n’apporte pas grand chose. Alors, on pourrait se dire que dans ce cas-là les couleurs risquent d’être fades, eh bien non car il suffit de les saturer un peu plus, et le tour est joué ! Il faut bien avoir conscience que notre vision est beaucoup plus sensible aux pics lumineux et aux contrastes qu’aux couleurs, alors si un choix doit être fait, il s’impose quasiment de lui-même, non ?

J’ai le sentiment d’être le seul à dire cela, alors j’espère que les paroles de la chanson « La vérité » de Guy Béart ne s’appliqueront pas à moi : « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté ».

 

 

Cet article a été rédigé par Hervé Thiollier – Consultant / installateur home cinéma – Calibreur vidéo – Revendeur Oppo

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