Benq W1700 : l’heure de la résurrection a-t-elle sonnée ?
Le terme « résurrection » peut surprendre, pourtant c’est bien le sors que pourrait connaître le Benq W1700. En effet, ce projecteur était très attendu il y a quelques mois, en tant que tout premier DLP 4K à puce 0.47″, mais quelques faiblesses, ainsi qu’un test français très négatif à son égard, ont eu raison d’un succès commercial qui lui était pourtant promis. Certes, le Benq w1700 n’est pas parfait, mais comme nous le verrons au cours de ce banc d’essai, il rassemble beaucoup de qualités qui devraient séduire bon nombre de consommateurs.
Ce test fait suite sur Home Cinéma Tendances à celui d’un autre DLP 4K à puce 0.47″ : le JVC LX-UH1. Environ 1200 € séparent ces deux projecteurs (PPI de 1589 € pour le Benq contre 2799 € pour le JVC), il va donc être intéressant de voir si cette différence tarifaire est justifiée. Mais il y aura aussi d’autres points à aborder, comme par exemple le piqué, sera-t-il aussi bon qu’avec le JVC LX-UH1 ? Et les noirs, seront-ils plus profonds ? Le problème du « cadre lumineux » sera-t-il plus important ? Le contraste ANSI sera-t-il plus fort ? Voilà beaucoup de questions auxquelles je vous propose de répondre, chers lecteurs, sans plus attendre.
Présentation du Benq W1700
La présentation du Benq W1700 va peu changer par rapport à celle du JVC LX-UH1 car ces deux projecteurs partagent une base matérielle commune. Ainsi ce sont tous les deux des DLP Full HD à simulation 4K. Plus précisément leur résolution native est de 2048 x 1200 pixels, c’est-à-dire qu’ils comporte légèrement plus de pixels qu’un projecteur Full HD (1920 x 1080).
Le Benq W1700 possède une roue chromatique RGBRGB, gage d’une bonne discrétion de l’effet d’arc-en-ciel et d’une meilleure restitution des couleurs. L’équipement est réduit au strict minimum, ainsi le Benq W1700 ne dispose pas de lens-shift, et le zoom et le focus sont manuels.
Son flux lumineux maximum est donné pour 2200 lumens. Son prix public indicatif est de 1589 €.
Rapports de projection : 1.47 à 1.76.
Matériel utilisé
- Un Benq W1700.
- Un écran motorisé Xtrem Screen de 2 m de base avec la toile Absolute Reference White 1.0.
- Un écran Xtrem Screen Zero Frame UBC de 2 m de base avec la toile Daylight Reference 1.1 Gen2.
- Un écran motorisé Xtrem Screen Elite In-Ceiling de 2,90 m de base avec la toile Daylight 0.9.
- Deux lecteurs de Blu-Ray Ultra HD : un Panasonic DMP-UB700 et un Oppo UDP-203EU
- Un colorimètre X-Rite i1 Display Pro profilé sur un spectrophotomètre X-Rite i1 Pro.
Bruit de fonctionnement
Bruit résiduel dans la pièce : 32 dB.
Niveau sonore en lampe bas (Eco) : 38 dB.
Niveau sonore en lampe haut (Normal ou Smart Eco) : 40 dB.
Le Benq W1700 n’est pas particulièrement silencieux, mais à titre de comparaison il est un peu moins bruyant que le JVC LX-UH1 ou le Benq W1090, donc rien de dramatique. En tout cas, ce n’est vraiment pas un point qui m’a gêné.
Piqué – Netteté
Le piqué est un peu moins bon que celui du JVC LX-UH1, par exemple nous pouvons voir que sur les deux photos ci-dessous la mire UHD utilisée passe un peu moins bien (les traits sont moins bien définis), mais il demeure malgré tout excellent !
Certes, nous ne sommes pas en présence d’un projecteur 4K natif, mais malgré tout la 4K est bien au rendez-vous. Après le JVC LX-UH1, le Benq W1700 est le deuxième DLP 4K à puce 0.47″ testé sur Home Cinéma Tendances, et encore une fois Texas Instrument montre tout son savoir-faire avec une simulation 4K fonctionnant à merveille !
Et, même lorsqu’on lui fournit une résolution Full HD en entrée, le Benq W1700 effectue un travail de mise à l’échelle excellent, on pourrait presque s’y tromper et croire à de la 4K native.
Il n’y a rien à ajouter, nous sommes de nouveau en présence d’un champion du piqué !
Fluidité
La fluidité n’est pas le point fort du Benq W1700 ! Ce n’est pas catastrophique, mais il m’a quand même semblé que c’était un poil moins bien qu’avec le JVC LX-UH1. Pour ma part, je suis assez sensible aux saccades et au manque de fluidité en général, et là j’avoue que j’ai été un peu gêné par cet aspect, mais sans que ce soit rédhibitoire.
Luminosité
Blu-Ray UHD « The Revenant »
J’ai reçu un modèle neuf avec 0 heures au compteur. Voici les valeurs de luminosité mesurées, après calibrage, en SDR :
- En lampe « Eco » : 809 lumens.
- En lampe « Smart Eco » (identique au mode « Normal » sur ce point) : 1252 lumens.
En HDR, maintenant :
- En lampe « Smart Eco » : 1371 lumens.
Ces valeurs sont très proches de celles mesurées pour le JVC LX-UH1, sauf pour le HDR qui est plus lumineux avec le Benq W1700.
Profondeur des noirs – Contrastes
J’ai mesuré le contraste séquentiel après calibrage dans deux cas :
- en lampe « Eco » : 718:1
- en lampe « Smart Eco » : environ 3300:1
Encore une fois, les valeurs mesurées sont proches de celles du JVC LX-UH1, mais le résultat visuel n’est pas du tout le même. En effet, grâce à son iris dynamique mécanique, le JVC délivre une image qui paraît plus contrastée, avec des noirs plus profonds. J’avoue être un peu déçu par le mode « Smart Eco », ce dernier ne permettant pas d’atteindre le même niveau de performance qu’avec le JVC LX-UH1. Sur ce point, il n’y a pas un monde d’écart entre les deux projecteurs, mais l’iris mécanique du JVC apporte un surcroît de noir bien appréciable.
Venons-en au contraste ANSI. J’ai mesuré celui-ci avec le mode « Smart Eco » enclenché. J’ai trouvé 285:1. Cette valeur vient confirmer celles mesurées avec le JVC LX-UH1 qui étaient toutes comprises entre 250 et 300:1. Cela vient sans doute confirmer que ce contraste ANSI, que l’on peut qualifier de moyen pour des projecteurs DLP, est sûrement dû à la puce 0.47″. C’est une information importante car l’autre puce de Texas Instrument, celle faisant 0.66″ de diagonale, montre sur ce point sa supériorité avec des valeurs dépassnt 500:1.
Le moment est venu de parler du problème du « cadre lumineux ». C’est strictement identique à ce que j’avais constaté avec le JVC LX-UH1 (voir photo ci-dessous).
Pour remédier à ce problème, les solutions sont donc les mêmes qu’avec le JVC :
- Utiliser un écran avec bordure noire, de préférence du velours car celui-ci absorbe bien la lumière.
- Faire appel à un écran fixe du style Zero Frame Ultra Black Contour de Xtrem Screen.
Selon moi, ce problème ne me semble pas rédhibitoire, à condition de disposer au minimum d’un écran avec bordure noire. En revanche, si vous voulez utiliser le Benq W1700 pour projeter sur un mur blanc ou sur un écran sans bordure, alors passez votre chemin, vous serez forcément gêné par ce « cadre lumineux ».
Certes, le Benq w1700 ne délivrent pas des noirs abyssaux, mais au moins les scènes sombres sont hyper lisibles, aussi bien en HDR qu’en SDR. C’est d’ailleurs souvent le cas avec les petits DLP 4K, à quelques exceptions près. Et c’est nettement mieux que ce que font habituellement les projecteurs DLP sur ce point ! En outre, lorsqu’on veut « déboucher les noirs », on n’a pas ce bruit vidéo qui apparaît souvent avec les projecteurs DLP. Non, le Benq W1700 est vraiment excellent sur la lisibilité des scènes sombres, en particulier en HDR, c’est suffisamment rare pour être signalé !
Le HDR
Avec le Benq W1700, le HDR ne se livre pas dès la sortie de carton. En effet, il faut effectuer quelques réglages, ou mieux encore, un calibrage, et là ça devient magnifique. Attention, le HDR délivré par le Benq W1700 est plus lumineux que ce que j’ai l’habitude de voir. Ce n’est pas un défaut, mais c’est un peu surprenant. Pour parler clairement, on dirait un petit peu un compromis entre du SDR et du HDR, mais ça devrait plaire à la majorité des gens. Cela dit, la luminosité HDR peut être réglée sur 5 niveaux : -2, -1, 0, 1 et 2. La valeur par défaut étant 0. Très franchement, je n’ai pas été convaincu par les autres niveaux, la valeur par défaut me semblant la meilleure.
Le HDR est vraiment très beau, comme pour quasiment tous les petits DLP 4K, mais personnellement je préfère disposer de noirs un peu plus profonds, comme avec le JVC LX-UH1, ou mieux encore, avec l’Optoma UHZ65.
Colorimétrie
Avec tous les petits DLP 4K je tiens systématiquement le même discours, si on utilise pas le dispositif de renforcement du contraste dynamique, les noirs sont tellement gris qu’on a l’impression de retourner dix à quinze ans en arrière ! C’est pourquoi je recommande l’utilisation du mode « Smart Eco » qui joue ce rôle concernant le Benq W1700. Mais ce genre de dispositif n’est pas sans conséquences sur la colorimétrie, toutefois les dérives colorimétriques engendrées par le mode « Smart Eco » restent très contenues alors ne nous privons pas de l’utiliser. De toute façon, ne nous trompons pas de cible, ces petits DLP 4K sont bien plus destinés au grand public qu’à ceux qui souhaiteraient de hautes performances colorimétriques, donc l’utilisation du mode « Smart Eco » me paraît assez pertinent dans ce cas.
Le SDR
Aucun mode usine n’est vraiment bon en sortie de carton. Par exemple, les modes « Cinéma » et « Sport » présentent une température de couleur trop chaude, mais le mode « Vivid TV » n’est pas trop mal, à condition de le placer sur « température de couleur froid ». Voici ci-dessous ce que ça donne avant calibrage.
La température de couleur est un peu trop froide, mais c’est beaucoup plus agréable et moins flagrant que la température de couleur trop chaude des modes « Cinéma » et « Sport ». Au passage, j’en profite pour rappeler que la colorimétrie dépend beaucoup de l’environnement et de la toile utilisée.
Pour le calibrage, je suis parti de ces réglages initiaux. Voici ci-dessous les résultats obtenus.
Le résultat visuel était très convaincant, comme quoi malgré l’utilisation du mode « Smart Eco », on arrive tout de même à un bon rendu colorimétrique.
Le HDR
Il n’y a pas eu de bonne surprise concernant le gamut du Benq W1700, il couvre l’espace Rec.709, ni plus ni moins, comme vous pouvez le constater ci-dessous.
La balance des blancs quant à elle, point déterminant de l’équilibre d’une image, n’est pas très bonne en sortie de carton et nécessite un calibrage.
Et voici le résultat après calibrage.
Ce n’était pas parfait mais bien meilleur visuellement.
Impressions subjectives
Selon moi, le Benq W1700 a été injustement décrié. Certes, il n’est pas parfait, ses noirs sont un peu grisâtres, il y a le problème du « cadre lumineux » et sa fluidité est perfectible, mais il représente un très bon moyen d’accéder à la 4K et au HDR à un prix très raisonnable. Je suis quasiment sûr que ceux qui l’ont acheté n’ont pas dû comprendre toutes ces critiques. C’est souvent ce que j’ai ressenti au cours de ce test, avec une image certes présentant des faiblesses mais quand même assez bluffante ! Que demander de plus à ce prix ? Parce qu’il s’agit quand même d’une vraie image 4K, autant piquée, voire plus, que des projecteurs 4K natifs. En outre, il faut bien avoir conscience que la plupart du temps le Benq W1700 va être utilisé dans un salon au plafond blanc et aux murs clairs, alors dans ce cas, si l’idée est juste d’avoir de la 4K, autant dépenser 1600 € plutôt que des milliers d’euros avec un projecteur 4K natif.
Pour être franc, j’ai préféré l’image du JVC LX-UH1 par rapport à celle du Benq W1700. Cela se joue essentiellement sur le surcroît de noir apporté par l’iris mécanique, mais aussi sur une image globalement mieux maîtrisée. Mais ce sont des considérations de quelqu’un d’expérimenté en vidéoprojection. Pour faire simple, je ne suis pas la cible de ce type de machine, parce que je suis devenu un peu trop exigeant. Mais, pour le grand public et pour ceux qui veulent découvrir la 4K et le HDR sans dépenser des fortunes, le Benq W1700 est presque le projecteur idéal. D’ailleurs, quand je l’ai montré à mes enfants, ils étaient assez stupéfaits par son prix en regard de l’image qu’il délivrait.
Le Benq W1700 face à la concurrence
Au cours de ce banc d’essai, j’ai beaucoup comparé le Benq W1700 par rapport au JVC LX-UH1, car ce sont deux projecteurs que j’ai testé successivement, mais en réalité je ne pense pas qu’ils soient en concurrence directe car l’écart de prix est trop important. Non, le Benq W1700 vient plutôt en concurrence avec l’Optoma UHD51, un autre DLP 4K équipé de la même puce, ou avec l’Epson EH-TW7300, si je me limite aux projecteurs compatibles 4K/HDR. Je ne me prononcerai pas sur l’Optoma car je ne l’ai pas encore testé. En revanche, concernant l’Epson, je le trouve très différent du Benq W1700. En effet, on ne va pas acheter l’un ou l’autre pour les mêmes raisons. Le choix du Benq serait pour privilégier le piqué, alors que celui de l’Epson serait pour bénéficier de l’équipement, en particulier la facilité de placement avec un lens-shift de grande amplitude et de surcroît motorisé.
Conclusion
A partir du moment où on a compris que le Benq W1700 est destiné au grand public, que peut-on lui reprocher ? Pas grand chose en fait, car pour un peu moins de 1600 €, il représente un très bon moyen de découvrir la 4K et le HDR. Et là, pour le coup, on en a vraiment pour son argent ! L’image est piquée à souhait, le HDR est satisfaisant et suffisamment lumineux pour illuminer des bases d’écran jusqu’à 3 mètres. Et en plus, le Benq W1700 se permet le luxe de sublimer les images Full HD, ce qui en fait le compagnon idéal des soirées en famille ou entre amis devant un bon film ou un match de foot.
Je remercie chaleureusement Futureland pour le prêt de ce projecteur.
J’ai aimé
- Le piqué
- Le rapport qualité/prix
J’ai moins aimé
- Des noirs perfectibles
- Le problème du « cadre lumineux »
- L’absence d’interpolation d’image
Pour discuter de ce banc d’essai, je vous invite à le faire sur le forum Cin&Son.
Cet article a été rédigé par Hervé Thiollier – Consultant / installateur home cinéma – Calibreur vidéo – Revendeur Oppo et de matériel home cinéma toutes marques.
Site web : ht-consulting.pro
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Bonjour Hervé,
J’étais tenté de m’équiper d’un vidéo projecteur et d’un écran manuel ou motorisé (escamotable car il sera devant une bibliothèque dans une pièce de vie).
Plus je lis de tests et autres commentaires sur ce type de matériel, plus je me perd dans la façon d’appréhender le « bon » choix.
J’ai eu l’occasion de voir le W1700 dans un auditorium dédié mais qui n’était pas équipé avec un lecteur 4K.
Difficile de se faire une idée…
René
Bonjour René,
Vous avez raison ! Je ne cesse de répéter que la vidéoprojection c’est compliqué, en tout cas beaucoup plus que la télévision. En effet, acheter un excellent projecteur ne garantit pas un résultat à la hauteur. C’est pour cela qu’il existe des professionnels comme moi, experts dans le domaine.