Papy fait de la résistance !

Introduction

Le Vivitek H5098, premier vidéoprojecteur de cette marque testé sur Home Cinéma Tendances, représente pour l’instant le seul appareil haut de gamme de la suite home cinéma. Celle-ci est également composée par le H1186 et par le renommé H1188, que je connais bien pour l’avoir vu à plusieurs reprises, et qui délivre une bien belle image en regard de son prix (aux alentours de 1000 €). Il sera d’ailleurs intéressant de voir ce que peut apporter le H5098 par rapport à ce dernier.

Mais l’actualité brûlante de Vivitek réside surtout dans l’arrivée imminente de son premier projecteur à puce « DLP 4K », le HK2288, qui devrait être commercialisé en juillet 2017. Là aussi, il sera intéressant de voir s’il est encore pertinent de s’équiper d’un appareil Full HD, tel que le Vivitek H5098, alors que l’avenir des projecteurs DLP semble plutôt résider dans cette fameuse puce dite « DLP 4K » de Texas Instruments.

Présentation

Le Vivitek H5098 est un projecteur Full HD (1920 x 1080 pixels), 3D (DLP Link ou RF), doté d’un équipement relativement modeste, avec seulement une interpolation d’image, un lens-shift manuel horizontal et vertical, et d’un traitement d’image appelé « Vivid peaking ». Toutefois, ce projecteur sent bon le haut de gamme avec pas moins de cinq optiques interchangeables : courte focale fixe, courte focale, standard, longue et très longue. Le Vivitek H5098 est livré avec l’optique standard, au prix indicatif de 2599 €.

Rapport de projection des cinq optiques interchangeables

Le flux lumineux maximum du Vivitek H5098 est donné pour 2000 lumens. La lampe possède trois modes de fonctionnement, Normal, Eco et Eco Dynamic, avec des durées de vie de 2500 h en Normal et 3500 h en Eco (aucune valeur n’est indiquée pour le mode Eco Dynamic).

Lens-shift : + 60% / – 20 % en vertical ; + ou – 5 % à l’horizontal.

Matériel utilisé

  • Un Vivitek H5098.
  • Un écran motorisé Xtrem Screen de 2 m de base avec la toile Absolute Reference White 1.0.
  • Un écran Xtrem Screen Zero Frame UBC de 2 m de base avec la toile Daylight Reference 1.1 Gen2.
  • Un écran motorisé Xtrem Screen de 2,50 m de base avec la toile Daylight 0.9.
  • Un lecteur de Blu-Ray Ultra HD Samsung UBD-K8500.
  • Un colorimètre X-Rite i1 Display Pro profilé sur un spectrophotomètre X-Rite i1 Pro.

Bruit de fonctionnement

J’ai trouvé le Vivitek H5098 silencieux en mode Eco. Les autres modes, Eco Dynamic et Normal, produisent tous les deux exactement le même bruit, mais ça reste relativement silencieux.

J’ai effectué quelques mesures au décibelmètre, l’appareil étant placé devant le projecteur à 50 cm. J’ai mesuré le bruit résiduel dans la pièce à 32 dB.

Voici mes mesures :

  • 35 dB en lampe Eco.
  • 37,2 dB en lampe Eco Dynamic et Normal.

Piqué – Netteté

Voilà un des points forts du Vivitek H5098 ! En regardant des mires ou des images de film, son piqué m’a rappelé celui du Benq W11000 (lisez son test ici), qui est pourtant un projecteur « DLP 4K ». C’est dire si le Vivitek H5098 est excellent dans ce domaine ! Cette comparaison est intéressante dans le sens où sur des bases inférieures à 3 mètres, le passage à un « DLP 4K » n’apporterait sans doute pas une différence de netteté et de précision flagrante.

En outre, le traitement d’image appelé « Vivid peaking », qui est un dispositif de renforcement des détails sur trois niveaux, est très efficace. Les deux premiers niveaux apportent un surcroît de netteté très appréciable et sans artefacts. Il faut passer au troisième niveau pour commencer à voir apparaître quelques défauts à l’image.

Fluidité

Encore un point fort de ce projecteur ! La fluidité est déjà très bonne sans l’interpolation d’image, appelée « Vivid Motion », mais lorsqu’on active ce dispositif, on retrouve l’excellente fluidité connue avec son petit frère, le Vivitek H1188. Sur les deux premiers niveaux, bas et normal, j’ai apprécié l’absence totale de saccades, sans effet caméscope trop prononcé et sans artefacts de bougé. L’interpolation d’image est vraiment très bien gérée, elle est du même niveau que ce que peut faire Sony ou Epson dans ce domaine. Il n’y a que sur le niveau haut que j’ai commencé à voir les méfaits de ce dispositif.

Luminosité

Il est à noter que les modes Eco Dynamic et Normal de la lampe délivrent exactement la même luminosité.

Je n’ai testé que les modes usine se rapprochant le plus de la norme colorimétrique, en l’occurrence « Vivid », « Film » et « Utilisateur 1 ». Ces trois réglages d’usine donnent tous les trois à peu près le même flux lumineux, à savoir 1100 lumens en mode Eco et 1300 lumens en mode Eco Dynamic et Normal, ce qui peut être qualifié de plutôt lumineux.

Contrairement aux spécifications données par Vivitek, l’option « Brillant Color » n’était pas présente dans l’exemplaire du test.

Profondeur des noirs – Contrastes

Contraste séquentiel – résiduelle de noir

Pour ma part, je considère qu’un contraste séquentiel commence à être bon à partir de 3000:1, ce qui donne une résiduelle de noir à 0,016 cd/m² (48 / 3000 = 0,016 cd/m²) lorsque les pics lumineux sont à la norme, c’est-à-dire à 48 cd/m².

Après calibrage, pour une base de 2 mètres et des pics lumineux à 134 cd/m², j’ai mesuré un contraste séquentiel de 1649:1 et une résiduelle de noir à 0,084 cd/m². Ce n’est pas très bon, surtout concernant la résiduelle de noir, et d’après mes critères, celle-ci est au moins 5 fois trop élevée pour commencer à disposer de bons noirs. Il va donc falloir réserver ce projecteur aux grandes bases (3 mètres et plus) ou alors utiliser un filtre ND2 pour améliorer la situation.

Contraste ANSI

Là, c’est beaucoup mieux ! Pour ma part, je considère que le contraste ANSI commence à être bon à partir de 300:1, eh bien le Vivitek H5098 peut être considéré comme un bon élève dans ce domaine puisque j’ai mesuré 448:1.

Colorimétrie

Sur l’exemplaire de test, les réglages d’usine qui se rapprochaient le plus de la norme colorimétrique étaient les modes « Film », « Vivid » et « Utilisateur 1 ». Ce dernier étant le plus juste, c’est le seul que je présenterai pour ne pas alourdir la lecture de ce test.

Mode « Utilisateur 1 »

Concernant le gamma et l’échelle de gris, ce n’est pas parfait mais c’est quand même très bon en sortie de carton, avec un DeltaE à 1,6 (pour une valeur attendue inférieure à 3), une température de couleur moyenne à 6547 K (pour une valeur attendue à 6500 K) et un gamma moyen presque constant à 2,14.

Concernant les couleurs, c’est moins bon que pour l’échelle de gris, et c’est là qu’on voit que le Vivitek H5098 nécessite un calibrage lorsqu’on est un peu exigeant sur cet aspect.

Après calibrage

Le Vivitek H5098 est un projecteur facile à calibrer, et les résultats obtenus concernant l’échelle de gris m’ont satisfait. Le gamma reste presque constant sur l’ensemble de l’échelle des gris, mais avec une légère chute aux bas IRE ce qui permet de gagner un peu de lisibilité dans les scènes sombres. La balance des blancs est relativement bien équilibrée, et avec une température de couleur moyenne quasi parfaite à 6503 K.

Les résultats colorimétriques sont un peu moins bon concernant les couleurs, avec notamment une luminance du vert un peu en retrait, mais l’ensemble reste satisfaisant avec un DeltaE à 1,53 (pour une valeur attendue inférieure à 3).

En tout cas, sur le plan visuel la colorimétrie paraissait très juste, je peux même certifier que l’image était de toute beauté !

Impressions subjectives

Lorsque le Vivitek H5098 est utilisé dans des conditions adaptées, c’est-à-dire sur des bases suffisamment grandes et sans pollution lumineuse (en salle dédiée ou avec une toile de projection technique), ce projecteur délivre une image magnifique, avec un piqué d’enfer, une bonne fluidité et un contraste intra-image remarquable. Certes, les scènes sombres sont moins à leur avantage, mais elles restent néanmoins bien lisibles lorsque le projecteur a été bien calibré.

D’une certaine façon, ce Vivitek H5098 m’a beaucoup fait penser à l’Optoma HD87, que j’ai possédé et que j’ai beaucoup aimé, mais en bien meilleur ! Ainsi, le traitement d’image avec le « Vivid Motion » et le « Vivid Peaking » est bien supérieur à ce que j’avais connu avec le HD87. En outre, le contraste ANSI du Vivitek H5098 est supérieur à celui de l’Optoma HD87 avec 448:1 pour le premier et 300:1 pour le deuxième, un écart suffisant pour que ça se voit pour un oeil averti !

Pour continuer dans les comparaisons, que vaut le H5098 par rapport à son petit frère, le H1188 ? Les deux images sont assez semblables, mais le H5098 va plus loin au niveau de la précision, sans doute grâce à une meilleure qualité d’optique. En outre, le H5098 est mieux équipé, avec un lens-shift de plus grande amplitude, il est plus silencieux et ne souffre pas de fuites de lumière comme ça peut être le cas avec le H1188. Le H5098 est un vrai projecteur haut de gamme, mieux fini, il a donc toute sa place dans une salle dédiée ce qui est moins le cas du H1188.

Et maintenant, quelques photos tirées du film « The revenant », juste pour le plaisir.

Conclusion

J’ai pris beaucoup de plaisir à tester ce projecteur qui délivre une image magnifique et qui n’a sans doute pas grand chose à envier aux « DLP 4K » déjà commercialisés. Donc, à part sur les très grandes bases (3 mètres et plus) qui demandent une grande précision d’image, ou pour éventuellement bénéficier du HDR, le passage à un « DLP 4K » ne se justifie pas vraiment, et le Vivitek H5098 peut très bien représenter une alternative intéressante car moins onéreuse.

Toutefois, on peut quand même regretter l’absence d’iris fixe, ce qui aurait permis d’adapter plus facilement la puissance lumineuse du Vivitek H5098 à la taille de l’ écran, et en aurait fait l’appareil idéal, en salle dédiée, pour les amoureux des DLP.

Je remercie chaleureusement Vivitek pour le prêt de ce vidéoprojecteur.

Les plus

  • Le piqué.
  • Le contraste intra-image (contraste ANSI de 448:1).
  • Une bonne fluidité avec une excellente interpolation d’image.
  • Un traitement d’image « Vivid Peaking » très performant pour renforcer les détails.
  • Le silence de fonctionnement.

Les moins

  • Une résiduelle de noir un peu haute, surtout pour les écrans de petite base.
  • L’absence d’iris fixe

Chers lecteurs, si vous avez des questions ou des remarques, je vous propose d’en discuter sur Cin&Son

Cet article a été rédigé par Hervé Thiollier – Consultant / installateur home cinéma – Calibreur vidéo – Revendeur Oppo

Site web : ht-consulting.pro