Test – Epson EH-TW9400

Epson EH-TW9400

Contexte

J’ai déjà beaucoup parlé de l’Epson EH-TW9400, je l’ai aussi calibré souvent, mais aussi curieux que cela puisse paraître, je n’avais encore jamais pris le temps de le tester. J’ai donc profiter du calme de l’été pour réaliser le banc d’essai de ce projecteur star de l’année 2019.

Outre les mesures habituelles, vous allez découvrir une nouveauté chers lecteurs : le calibrage DCI. Et ce n’est pas un élément sans importance, car vous pourrez vous rendre compte par vous-même son apport assez considérable sur les Blu-Ray. A tel point que dorénavant je le réaliserai systématiquement chaque fois que se sera possible.

Présentation de l’EPSON EH-TW9400

Epson TW9400W

Epson TW9400

L’appareil testé n’était pas un Epson EH-TW9400, mais un EH-TW9400W, le « W » final signifiant wireless. En effet, la version blanche de cet appareil est dotée d’un transmetteur HDMI sans fil (voir photo), qui augmente son prix de 400 €, puisque l’Epson EH-TW9400W est positionné au prix public de 3199 €, alors que la version noire (EH-TW9400), démunie de ce transmetteur, est quant à elle proposée à 2799 €. Il est dommage de devoir payer 400 € supplémentaire afin de disposer d’une robe blanche, mais la marque suit une certaine logique, à savoir que la version blanche est destinée aux pièces de vie, là où une liaison HDMI sans fil peut s’avérer bien utile, alors que la coque noire est prévue pour les salles obscures.

Transmetteur HDMI sans fil de face

Transmetteur HDMI sans fil de dos

Ce transmetteur fonctionne particulièrement bien, y compris en Ultra HD HDR (seulement en 24 Hz pour cette résolution), à partir du moment où aucun n’obstacle ne vient perturber la liaison entre ce dernier et le récepteur (intégré dans le projecteur). Il est à noter qu’Epson est la seule marque à proposer une transmission HDMI sans fil capable de laisser passer l’Ultra HD et le HDR. Saluons cette belle initiative !

L’Epson EH-TW9400 est une machine Tri-LCD, Full HD native, mais compatible Ultra HD. Cette résolution est simulée par wobulation. Cet appareil est également compatible HDR et 3D.

Le flux lumineux maximum est donnée pour 2600 lumens, une valeur plutôt élevée et relativement rare pour les projecteurs home cinéma.

L’Epson EH-TW9400 se démarque de la concurrence par son équipement très fourni pour une machine de moins de 3000 € : optique entièrement en verre et motorisée, avec un cache objectif mécanique, un lens-shift de grande amplitude et des iris (fixe et dynamique).

Lens-shift :

  • Horizontal : ± 47.1
  • Vertical : ± 96.3

La focale peut être qualifiée de standard, avec un rapport de projection allant de 1.35 à 2.84.

Matériel utilisé

  • Un Epson EH-TW9400W
  • Un écran motorisé Xtrem Screen de 2 m de base avec la toile Absolute Reference White 1.0.
  • Un écran Xtrem Screen Zero Frame UBC de 2 m de base avec la toile Daylight Reference 1.1 Gen2.
  • Un écran motorisé Xtrem Screen Elite In-Ceiling de 2,90 m de base avec la toile Daylight 0.9.
  • Une box multimedia Zidoo X9S associée à une alimentation linéaire Keces Audio P3
  • Conditionneur de réseau électrique Keces Audio BP-1200
  • Un spectromètre CR-250RH et un colorimètre CR-100, tous les deux de marque Colorimetry Research.
  • Un générateur de mires Murideo Fresco Six-G

Bruit de fonctionnement

L’Epson EH-TW9400 dispose de trois niveaux pour sa lampe : « éco », « moyen » et « haut ». J’ai donc mesuré le bruit de fonctionnement pour ces trois niveaux, le décibelmètre étant placé à 50 cm devant l’appareil.

Bruit résiduel dans la pièce : 33.5 dB

Niveau sonore en mode « éco » : 36.5 dB.

Niveau sonore en mode « moyen » : 39.6 dB

Niveau sonore en mode « haut » : 47.3 dB.

Pour ma part, je trouve que l’on accorde beaucoup trop d’importance à ces mesures car celles-ci dépendent de la température dans la pièce. Il est donc évident que l’Epson EH-TW9400 se trouve désavantagé par rapport aux autres projecteurs testés, étant donné que j’ai réalisé son banc d’essai pendant l’été ! Enfin bref, retenons plutôt que cet appareil est très discret en mode « éco », discret en mode « moyen » et très bruyant en mode « haut ».

Piqué – Netteté

Si vous attendez le piqué d’un projecteur 4K natif, alors vous serez déçu. En effet, la wobulation 4K des machines à matrices LCD ne sert pas à grand-chose, excepté à faire disparaître la grille, ce qui pourrait être intéressant concernant l’Epson EH-TW9400, notamment si vous utilisez une toile transonore micro-perforée.

Toutefois il convient de relativiser ce constat, car certes il existe un écart de piqué par rapport à un projecteur 4K natif, mais celui-ci reste ténu. Pour bien apprécier la différence, c’est une question d’acuité visuelle et de rapport recul / base écran, ce dernier ne devant pas dépasser 1.5, voire 1.4, pour disposer d’un écart flagrant. Cela est dû en partie à la qualité de l’optique Fujinon, entièrement en verre, de l’Epson EH-TW9400, mais aussi à son traitement vidéo très fourni.

Fluidité

Selon moi, la fluidité est un point faible de cette machine. Certes, la situation semble avoir été améliorée par rapport à son prédécesseur, l’Epson EH-TW9300, mais c’est encore perfectible. En effet, je suis très sensible au manque de fluidité en 24 Hz, et sans l’interpolation d’image j’ai beaucoup de mal avec cette machine. Je ne dis pas que les autres marques sont parfaites dans ce domaine, mais c’est un peu mieux. Attention, la fluidité sans interpolation dépend de la source, c’est-à-dire que dans certains cas je trouve celle-ci acceptable, et dans d’autres, je ressens un vrai manque. Cela dit, il faut avoir conscience que cette histoire de fluidité est quelque chose d’extrêmement subjectif.

Venons-en à l’interpolation d’image. Attention, pour une histoire de puissance du micro-processeur, celle-ci n’est disponible que si le signal vidéo entrant est Full HD. Mais ce n’est pas si grave, car comme je l’ai expliqué précédemment, il n’y a pas grand-chose à gagner en termes de piqué avec l’Ultra HD pour ce type de machine. Enfin bref, mais quoi qu’il en soit, il faudra choisir entre l’Ultra HD et l’interpolation d’image. Cette dernière dispose de trois niveaux : bas, normal et haut. En ce qui me concerne, je trouve le niveau bas insuffisant, je suis donc passé systématiquement en normal. Dans ce cas, cela donne un léger effet caméscope à l’image, et en plus ça fait apparaître des artefacts de bougé, mais si comme moi vous êtes très sensible au manque de fluidité, vous n’aurez pas trop le choix. J’utilise au quotidien un Epson EH-LS10000, avec lequel je sélectionne également le niveau moyen de l’interpolation, eh bien sans être parfaite celle-ci est mieux réussie. Autrement dit, je ne suis pas vraiment gêné par les défauts de l’interpolation de mon Epson EH-LS10000, alors que je l’ai été un peu plus avec l’Epson EH-TW9400.

Luminosité

Voici les mesures obtenues « en sortie de carton » avec le mode usine « Naturel », et une lampe à 161h :

  • Eco : 1097 lumens
  • Normal : 1350 lumens
  • Haut : 1519 lumens

Cela pourrait paraître étonnement bas, mais n’oublions pas que ces mesures ont été réalisées avec une lampe à 161h.

Je rappelle au passage qu’en SDR, 800 lumens suffisent à illuminer une base de 3 mètres, il reste donc encore une bonne marge, que ce soit en « Eco » ou en « Normal ». En revanche, dans l’idéal il faudrait disposer de 1600 lumens en HDR, sur la même base, nous voyons donc que même avec un projecteur lumineux, comme c’est le cas pour l’Epson EH-TW9400, ce n’est pas si évident de disposer d’un HDR convaincant sur 3 mètres de base et plus, lorsque la lampe commence à avoir quelques heures d’utilisation. Il ne faut pas se faire peur avec cela, mais ça montre toute l’utilité que peut présenter une toile à gain !

Profondeur des noirs – Contrastes

L’Epson EH-TW9400 n’est pas un champion dans ce domaine, mais il creuse un écart conséquent par rapport à son petit frère l’Epson EH-TW7400. Autrement dit, l’Epson EH-TW9400 est un vrai projecteur home cinéma, avec des noirs dignes de ce nom, alors que c’est moins le cas avec l’Epson EH-TW7400.

Voici les mesures effectuées après calibration (voir photos).

contraste on-off SDR Rec.709

contraste on-off iris normal

contraste on-off iris haute vitesse

Nous voyons que l’Epson EH-TW9400 dispose de noirs corrects (contraste séquentiel > 3000:1) avec l’iris dynamique désactivé, mais ils prennent une autre dimension lorsque celle-ci est activée ! En effet, les noirs deviennent vraiment abyssaux en activant l’iris dynamique, sans véritable contrepartie puisque celle-ci est très bien gérée (quasi absence de pompage de luminosité). Toutefois, si celle-ci sait se faire discrète à l’image, c’est moins le cas sur le plan sonore car on l’entend fonctionner. C’est supportable, mais on ne peut pas dire qu’elle est inaudible.

Le HDR

Le HDR est un des points forts de cette machine ! Non seulement l’Epson EH-TW9400 est plutôt lumineux, mais en plus il dispose de plusieurs courbes de luminance (fonctions de transfert électro-optique), ce qui permet d’adapter facilement la luminosité de l’image à la taille de son écran. Cela peut se réaliser « à la volée » grâce à un bouton de raccourci sur la télécommande. Très franchement, je trouve cela vraiment très pratique. En outre, on n’a pas besoin de retoucher le contraste, il suffit de choisir la courbe de luminance adaptée, et on évite ainsi les « blancs brûlés ». Enfin bref, les ingénieurs chez Epson ont vraiment bien travaillé, pour nous servir peut-être le projecteur le plus abouti actuellement concernant le HDR, c’est suffisamment rare pour être salué !

Mais ce n’est pas fini, car en plus les scènes sombres sont d’une lisibilité totale, tout en disposant de noirs abyssaux. Encore une fois, bravo aux ingénieurs d’Epson !

Colorimétrie

La colorimétrie de l’Epson EH-TW9400 n’est pas très bonne en « sortie de carton » concernant la balance des blancs, un point essentiel pour l’équilibre d’une image ! Mais cette machine se calibre très bien, même mieux que chez la concurrence (balance des blancs ajustable sur 8 points contre 2 points chez la concurrence). Ainsi, une fois calibrée la colorimétrie est quasi parfaite, du grand art !

Mais, une fois n’est pas coutume, je ne vais pas m’éterniser sur les relevés colorimétriques habituels, pour laisser la place à un comparatif entre les calibrations SDR Rec.709 et SDR DCI.

Nous voyons sur la figure ci-dessous les différents espaces de couleur, du plus étroit au plus large : Rec.709, DCI et Rec.2020.

Sachant que la figure colorée correspond à l’ensemble des couleurs que l’œil humain est capable de percevoir, nous voyons que l’espace Rec.709, utilisé habituellement pour le SDR, est quand même relativement limité ! C’est sans doute pour cela que le cinéma utilise un espace un peu plus large, avec le DCI.

L’idée de la calibration DCI est donc de retrouver l’espace de couleur utilisé au cinéma, afin de disposer de couleurs un peu plus saturées.

Mais comme un visuel vaut mieux qu’un long discours, je vous propose un comparatif entre plusieurs photos.

DCI

Rec. 709

Ce visuel est assez réaliste, mais sans être totalement juste. En effet, pour rester fidèle à la réalité, il aurait fallu au minimum que votre écran, dont vous vous servez actuellement, soit calibré et couvre en totalité l’espace DCI, ce qui est sans doute loin d’être le cas. Mais ces photos ont au moins le mérite de donner une idée du rendu.

Pour ma part, j’ai commencé à tester cette calibration DCI sur mon Epson LS10000, et depuis je regarde tous les films en DCI. C’est addictif, je ne peux plus m’en passer ! Mais attention, c’est convaincant uniquement dans un contexte Blu-Ray, c’est-à-dire lorsque la source est un Blu-Ray ou un fichier MKV tiré d’un Blu-Ray, et surtout pas avec des images de télévision. En effet, avec ces dernières, si on utilise la calibration DCI, les couleurs paraissent trop saturées, on perd en naturel.

Concernant l’Epson EH-TW9400, cette calibration DCI se réalise en utilisant le mode usine « Cinéma numérique ». Celui-ci utilise un filtre coloré dont le rôle est d’élargir le gamut du projecteur, mais cela n’est pas sans conséquence sur la luminosité. En effet, ce filtre fait perdre environ 40% de luminosité, donc la calibration DCI ne sera pas applicable sur les plus grandes bases (3 mètres et plus), à moins de disposer d’une toile à gain, comme par exemple l’Absolute Perfect White 1.7 testée récemment sur Home Cinéma Tendances.

Jusqu’à maintenant personne n’utilisait le mode « Cinéma numérique » car il est destiné au HDR, mais comme il fait perdre beaucoup en luminosité, il en devient presque incompatible. Mais pour la calibration DCI, c’est un peu différent dans le sens où il s’agit de SDR, donc une dynamique d’image pour laquelle on a besoin de deux fois moins de luminosité. Du coup, la perte d’environ 40% de luminosité est moins problématique. Cela est d’autant plus vrai qu’avec ce filtre coloré on profite de l’effet Helmholtz-Kohlrausch. Mais de quoi s’agit-il ? Ce phénomène énonce qu’à luminance égale, la luminosité perçue d’une lumière colorée augmente avec sa saturation. Autrement dit, la perte de luminosité due au filtre coloré est compensée en partie par l’effet Helmholtz-Kohlrausch.

J’espère que personne n’est décédé pendant ses explications un peu scientifiques, mais peu importe le flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse, et le moins que l’on puisse dire est que le résultat est bien présent avec cette calibration DCI, à tel point que je suis persuadé que si on demandait l’avis de 100 personnes prises au hasard, au moins 90 préféreraient les images DCI.

Mais je sais bien ce que certains se disent à la lecture de ce paragraphe : pourquoi ne pas faire la même chose en saturant davantage les couleurs ? Sauf que j’ai essayé, et que ça ne donne pas du tout le même résultat ! La calibration DCI augmente la densité des couleurs et le contraste subjectif, tout en conservant un côté très naturel, alors que de pousser la saturation des couleurs à partir d’une calibration Rec.709 donne un aspect « anti naturel » à l’image. Enfin bref, c’est difficile à expliquer, il faut le voir pour comprendre car c’est impossible à faire passer en photo.

L’avis du testeur, Hervé Thiollier.

L’Epson EH-TW9400 dispose de beaucoup d’atouts : un équipement complet, une forte luminosité, une très bonne gestion du HDR, des noirs très corrects (surtout en activant l’iris dynamique), etc. Et tout cela à moins de 3000 €, ce qui en fait un projecteur sans équivalent dans sa tranche tarifaire !

J’ai passé de bons moments avec ce projecteur tellement il délivre une image flatteuse. En outre, il se marie à merveille avec les toiles grises techniques, notamment grâce à sa forte luminosité. A ce propos, son association avec la toile Daylight 1.5 est vraiment grandiose, cela donne une dynamique à l’image assez exceptionnelle. Je recommande fortement ce combo pour les pièces de vie.

Mais le principal atout de l’Epson EH-TW9400, c’est le rendu HDR. Que c’est beau ! Et enfin un projecteur qui n’est pas anémique, car le manque de luminosité en HDR est quand même un peu trop récurrent avec les appareils home cinéma. Enfin bref, en dessous de 3000 €, je ne vois aucune autre machine vous en donner autant en HDR.

La calibration DCI est selon moi la cerise sur le gâteau. Et peut-être même un peu plus que cela, car comme je l’ai déjà dit, j’ai regardé tous les films SDR en DCI. Et si vous êtes intéressé par cette calibration, soyez bien conscients qu’en dessous de 3000 €, il n’existe aucune autre alternative !

Mais comme nous ne vivons pas dans un monde parfait, forcément l’Epson EH-TW9400 n’a pas que des qualités. Par exemple, au même prix, ou un peu plus cher, on trouve des projecteurs délivrant plus de piqué, mais toujours au détriment de l’homogénéité de l’image, il faut quand même le souligner. Mais, selon moi, le principal point faible de cette machine reste la fluidité. Ce ne sera pas rédhibitoire pour la majorité des gens, mais si vous avez des doutes vous concernant, ce serait mieux de le voir avant d’acheter.

Conclusion

Les ventes de l’Epson EH-TW9400 vont bon train, c’est un signe qui ne trompe pas ! Il est vrai qu’en dessous de 3000 €, on en a vraiment pour son argent, c’est la machine de ceux qui en veulent beaucoup sans dépenser des fortunes.

Bien sûr, à ce tarif-là, il faudra faire sans la 4K (native), mais qu’est-ce qui est le plus important : le piqué ou l’homogénéité de l’image ?

J’ai aimé

  • La forte luminosité
  • L’équipement complet
  • La calibration DCI
  • La profondeur des noirs en activant l’iris dynamique
  • L’excellente gestion du HDR
  • Le faible coût du remplacement de la lampe

J’ai moins aimé

  • La fluidité perfectible
  • L’absence de laser, mais est-ce possible à ce prix ?

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Herve-THIOLLIER

Cet article a été rédigé par Hervé Thiollier – Expert en cinéma privé – Calibreur vidéo – Revendeur de matériel audio et vidéo toutes marques.

Site web : ht-consulting.pro